LES CAUSES DE LA REGRESSION |
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La sylviculture : C’est le facteur le plus souvent cité, car c’est sans doute l’un des plus évidents. La sylviculture détermine en particulier la structure des peuplements, élément fondamental du biotope à Grand Tétras. Selon les auteurs, l’intensification de la sylviculture est une des principales causes de régression. Dans les Vosges, les plantations monospécifiques (Epicéa et Douglas en particulier) semblent avoir eu un rôle primordial dans cette régression. Le rajeunissement des forêts serait également néfaste au Grand Tétras dans la mesure où les vieux peuplements, même s’ils ont un volume sur pied élevé, bénéficient d’une bonne ouverture du milieu. Pour simplifier, toute action sylvicole provoquant la fermeture du milieu (plantation dense, rajeunissement du massif…) est défavorable au biotope du Grand Tétras. Le dérangement : Il se manifeste sous différentes formes selon la saison et la survie du Tétras dépend sans doute de sa maîtrise. Ainsi la création des pistes de ski (alpin et fond) et l’essor récent des randonnées en raquettes occasionnent des dérangements durant la phase hivernale, phase pendant laquelle le Grand Tétras est particulièrement vulnérable (bilan énergétique défavorable) ; chaque décollage inopiné provoque un épuisement considérable. Bien entendu, c’est la répétition de ces perturbations qui devient problématique. Randonnées pédestres ou équestres, VTT, cueillette des myrtilles viennent perturber le Grand Coq l’été. Ces activités n’ont pas énormément d’incidence sur les adultes mais peuvent être catastrophiques pour la couvée et l’élevage des jeunes provoquant ainsi des abandons de ponte, isolant les poussins, les rendant plus vulnérables. Les dérangements semblent être moins graves à partir du mois d’août, quand les poussins sont plus vigoureux. Les dérangements pendant le chant peuvent avoir des conséquences néfastes sur la reproduction surtout s’ils sont répétés. Ils désorganisent en effet la structure territoriale. Il est intéressant de constater que les biotopes à Grand Tétras sont très souvent situés dans des milieux à intérêt paysager (crêtes, plateaux, tourbières) du fait de leur ouverture. La prédation : On peut considérer la prédation comme un dérangement ou un facteur de mortalité important. Les principaux prédateurs du Grand Tétras dans les Vosges seraient la martre, l’autour des palombes, le renard et surtout le sanglier. On parle de plus en plus de ce dernier, car ses populations sont surabondantes dans certaines zones et maintenant présentes dans des zones auparavant inoccupées (agrainage à des altitudes élevées). Il peut être un prédateur important des couvées et des jeunes poussins. La prédation est certainement favorisée par les dérangements humains répétés qui affaiblissent le grand Tétras. Le rôle des chiens errants est aussi à prendre en compte dans la prédation de l’oiseau. La chasse :La chasse du Grand Tétras est interdite depuis 1974 dans les Vosges. Elle a évidemment joué un rôle dans la régression des populations de certaines zones. Aujourd’hui, elle ne semble avoir qu’une action indirecte en occasionnant des dérangements : battues, chiens errants et protection de certaines espèces comme le sanglier. Les ongulés L’explosion des populations d’ongulés peut jouer un rôle important, surtout lorsqu’il s’agit de milieux peu diversifiés offrant des ressources alimentaires faibles. En effet, les ongulés ont une action directe en éliminant la strate des arbustes et des arbrisseaux, un élément essentiel du biotope. De plus le manque de régénération peut inciter les forestiers à planter et à engrillager, ce qui est doublement défavorable : en effet, les plantations entraînent la fermeture du milieu, et l’engrillagement est un facteur de mortalité supplémentaire. Un facteur interne aux populations : les effectifs faibles et fragmentésIl est possible que les effectifs, réduits par l’impact des différents facteurs « externes » soient devenus aujourd’hui trop faibles pour assurer un développement durable des populations sur le massif vosgien. En effet, cette baisse des effectifs s’est accompagnée d’une fragmentation des populations qui est très néfaste, car elle limite voire supprime les échanges entre différents noyaux. Ceci déstabilise la structure sociale des populations et peut engendrer des problèmes de consanguinité génétique. |