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Régie par la loi du 1er juillet 1901 (référence J.O. des 14 et 15 mai 1973, n°113).Affiliée à "Haute-Saône Nature Environnement".
  Maison des Associations, 20 rue du Bas de Laval
70220 FOUGEROLLES-SAINT-VALBERT
   Tél : 03 84 49 19 68 -  06 07 49 92 99
 FOUGEROLLES ET SA RÉGION

Depuis sa création, l'Association a l'habitude de présenter régulièrement une exposition sur des thèmes relatifs à l’Environnement, à la Nature et au Patrimoine. En 2004, les membres de l'ADEF ont décidé de travailler sur l'évolution des paysages. Ce choix a pour but d'apporter à un large public, adultes et scolaires, une nouvelle façon d'appréhender les problématiques environnementales à travers la lecture de paysage.

Nous vous invitons à découvrir l'exposé qui suit, retraçant quelques-unes des problématiques développées lors de notre exposition de 2004.

I. Qu'est-ce que le paysage ?

II. L'historique du paysage.

III. Les éléments du paysage fougerollais.

IV. Petite approche paysagère de Fougerolles.

I. QU'EST-CE QUE LE PAYSAGE ?

 

 « Le paysage est un système vivant qui ne se conserve que s’il fonctionne donc s’il est normalement inséré dans un processus économique et social ».Telle est l'une des premières définitions enseignées.

Le paysage évolue et change dans le temps. Il peut être comparé à un palimpseste. Un palimpseste est un manuscrit sur un parchemin où une première écriture a été lavée, grattée, gommée et sur laquelle un nouveau texte a été écrit : il reste toujours des traces à chaque nouvelle utilisation. L’évolution du paysage y ressemble, il reste toujours des traces du passé, celles de l'époque romaine par exemple (routes, parcellaires, ponts...) révélées par la toponymie (« Les Chavannes », « Blanzey ») ou du Moyen Âge (vestiges du château féodal). Les trames des différentes époques historiques s’inscrivent en surimpression, le paysage évoluant dans le temps.

Définition de Jean-Robert Pitte (Géographe à Paris IV, La Sorbonne):

    « Le paysage est l’expression observable par les sens (la vue, l’odorat, l’ouïe), à la surface de la terre, de la combinaison entre la nature, les techniques et la culture des hommes. Il est essentiellement changeant et ne peut être appréhendé que dans sa dynamique, c’est à dire l’histoire qui lui restitue sa 4ème dimension ».

Définition par la Convention européenne du paysage (ouverte à la signature en 2000) :

« Paysage » désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations.

 L'aspect subjectif du paysage :

 Il n’y a pas d’objectivité totale. L’appréciation du paysage diffère selon les observateurs, chacun en a une toute personnelle. Chaque individu a son vécu, ses références, ses schémas culturels acquis… sans oublier l’influence du rêve.

 La valeur du paysage :

 L’appartenance, l’appropriation, la convoitise confèrent au paysage une valeur patrimoniale appréciée bien différemment par le regard esthétique du touriste et par le regard pratique mais aussi charnel du paysan dont la relation avec le paysage est faite de connivences dans la familiarité des lieux.

 
II. L' HISTORIQUE DU PAYSAGE  
Le sentiment paysagiste apparaît au moment de la Renaissance : la peinture exprime ce regard sur la nature et véhicule le terme de paysage.

Le deuxième temps fort se situe en fin du XVIIIème siècle. Une nouvelle conception envisage une totalité, un ensemble unique avec une multiplicité de relations entre les éléments de la nature. Le paysage se regarde comme une unité et non plus une juxtaposition d’éléments.

Puis René de GIRARDIN (Marquis à l’origine du jardin d’Ermenonville et auteur de « De la composition des paysages », 1783) et MOREL (Ingénieur géographe puis architecte, auteur de « La théorie des jardins », 1776) proposent de « paysager le pays » d’après leur vision esthétique et utilitariste du territoire. Ces idées se répandent et vont avoir des conséquences sur l’aménagement de l’environnement (plantation de forêts par exemple).

Le terme « horticulture » apparaît alors au début du XIXème siècle avec l’art des jardins.

La notion d’environnement n’a pris naissance qu’après la seconde guerre mondiale, avec la reconstruction. C’est l’époque où s’effectue le basculement entre le monde rural et le monde urbain. Avant, l’espace était géré par les agriculteurs mais avec l’apparition des friches, ainsi que la nécessité de prendre en compte les besoins de récréations des citadins, on assiste au début du zonage des espaces.

Ce n’est que le 8 janvier 1993 que la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages entre en vigueur. L’objectif est d’intégrer le paysage dans l’ensemble des opérations d’aménagement du territoire (documents d’urbanisme, plan d’occupation des sols (P.O.S. ; carte communale) puis plan local d’urbanisme (PLU)…).

Enfin en 1999, un groupe restreint d’experts est chargé, par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, de rédiger une convention européenne du paysage. Le texte final de la Convention est adopté par le Comité des Ministres le 19 juillet 2000.

D’autres démarches sont nées à l’initiative, entre autres, du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges. Ce territoire, conduit par une Charte, dont un des objectifs est de « Maintenir des paysages ouverts et des espaces de qualité », s’est doté d’un outil de gestion efficace : le plan de paysage.

Il est intéressant de constater qu’une simple étude paysagère nous apporte de nombreux et précieux renseignements sur l’évolution de l’utilisation spatiale par l’Homme à tous les niveaux (milieux urbain, forestier, agricole, prairies humides, …) et par conséquent sur l’évolution des activités humaines et de leur impact sur l’Environnement.

De nos jours, l’intégration de la problématique paysagère aux documents d’urbanisme (PLU, …) et les outils de gestion qui ont été conçus sont le résultat d’un long travail de discussions, d’échanges, conjointement entre les différents acteurs, gestionnaires du territoire, et les grandes institutions, décideurs. Néanmoins il reste à sensibiliser les premiers concernés, c’est à dire chacun d’entre nous, en tant qu’habitants, propriétaires de bâtiments, de jardins, de forêts, de terres agricoles, ... afin d’assurer un cadre de vie de qualité aux générations futures.

 
III. QUELQUES ELEMENTS TYPIQUES DU PAYSAGE FOUGEROLLAIS

Fougerolles présente des paysages caractéristiques, avec des éléments propres à son histoire, à sa région, à ses habitants. Ces éléments paysagers, en plus de participer à la diversification des vues, ont souvent d’autres rôles. Ceux-ci renforcent leur importance d’un aspect aussi bien  paysager qu’écologique, historique, économique ou social.

D'autre part l'évolution des activités de l'Homme a aussi engendré la "fermeture du paysage" (enrésinement, enfrichement,...) et aujourd'hui de nouvelles problématiques de gestion paysagère en découlent.

Voici certains éléments paysagers et problématiques développés lors de notre exposition :

Les vergers traditionnels Les friches
Les vergers modernes L'abandon du patrimoine bâti
Les arbres isolés Les murets de pierres sèches
L'enrésinement  

 

 

... mais aussi dans notre bulletin n°31 (parution en novembre 2004) : les haies, l'aménagement urbain, le patrimoine bâti, la pollution visuelle, le petit patrimoine architectural, ...

LES VERGERS TRADITIONNELS

D’origine humaine, le verger à haute-tige constitue néanmoins un écosystème original harmonieux du paysage et renferme de nombreuses espèces animales et végétales.

Jusqu’au tournant des années 1960, le verger se présentait sous la forme d’arbres fruitiers complantés c’est à dire disséminés dans les cultures. Le sol était donc exploité soit en labours destinés aux céréales et à la pomme de terre soit en prairies de fauche ou pâturées surmontés d’une arboriculture très complémentaire. De nos jours les vergers haute-tige sont implantés presque exclusivement dans les pâtures ou les prairies. Ils permettent alors une double utilisation du sol puisque l’on peut faucher l’herbe ou faire pâturer du bétail sous les arbres.

 

La composition des vergers traditionnels est basée essentiellement sur le principe des mélanges d’arbres à fruits à pépins, alternés avec ceux à noyaux ; pommiers, poiriers, pruniers, mirabelliers, quetschiers, cerisiers, noyers. Conduits de manière à obtenir des troncs d’environ 1,80 à 2,00 m de hauteur, ces arbres constituent le verger à «haute-tige ». L’homme a valorisét biologiquement et économiquement  ces vergers en créant de nombreuses variétés fruitières locales bien adaptées à nos terroirs. Les fruits de ces vergers ont la particularité d’être sains, riches en saveur, en arôme et en nutriments. Ils permettent également l’élaboration de produits naturels. Parmi ces derniers on compte les jus de fruits, les confitures, les fruits séchés, les compotes, les tartes. Les eaux de vie, les miels, voire certains vinaigres, tirent également leurs richesses de la variété des vergers.
     Arbres complantés en polyculture.

La composition des vergers traditionnels est basée essentiellement sur le principe des mélanges d’arbres à fruits à pépins, alternés avec ceux à noyaux ; pommiers, poiriers, pruniers, mirabelliers, quetschiers, cerisiers, noyers. Conduits de manière à obtenir des troncs d’environ 1,80 à 2,00 m de hauteur, ces arbres constituent le verger à «haute-tige ». L’homme a valorisé biologiquement et économiquement  ces vergers en créant de nombreuses variétés fruitières locales bien adaptées à nos terroirs. Les fruits de ces vergers ont la particularité d’être sains, riches en saveur, en arôme et en nutriments. Ils permettent également l’élaboration de produits naturels. Parmi ces derniers on compte les jus de fruits, les confitures, les fruits séchés, les compotes, les tartes. Les eaux de vie, les miels, voire certains vinaigres, tirent également leurs richesses de la variété des vergers. En plus d’être des producteurs de fruits aux qualités gastronomiques exceptionnelles, les vergers sont aussi des lieux de convivialité, des espaces de promenade et de découverte où chacun prend contact avec l’environnement naturel, vit les rythmes des saisons, suit le ballet des abeilles qui jouent un rôle si important pour la pollinisation des fleurs des arbres.

Enfin le verger traditionnel est aussi un lieu d’habitation pour des espèces animales et végétales caractéristiques. Au niveau faunistique, on distingue trois classes d’animaux caractéristiques : les mammifères avec le lérot, la noctule (une chauve-souris), la fouine ;  les oiseaux, qui profitent de ressources amlimentaires adaptées (insectes, petits rongeurs pour rapaces, fruits), comme le torcol fourmilier, le rouge queue à front blanc, la pie grièche à tête rousse ou la huppe fasciée pour les plus remarquables ; les insectes, très nombreux, avec les différentes espèces de papillons, mais aussi les espèces  pollinisatrices (abeilles, ...), et malheureusement la présence d'insectes ravageurs, xylophages (mangeurs de bois) comme les scolytes.

A Fougerolles, les arbres fruitiers haute-tige sont l’élément marquant du paysage. Au regard des fonctions qu’ils occupent, il est bien entendu primordial de les entretenir et de les préserver.

 

Les vergers autour de la Croix du milieu de la Commune, lieu de promenade.

LES VERGERS MODERNES

Des agriculteurs organisés en CETA (Centre d’Études Techniques Agricoles) ont lancé au début des années 1960 des vergers expérimentaux en basse-tige (près de l’École de Beaumont et aux Chavannes). Des variétés locales de fruits furent greffées sur des « Saintes Lucie », sur le modèle des vergers producteurs de cerises de la vallée du Rhône et d'Ardèche. L’expérience fut peu concluante : le développement des arbres en hauteur n’était pas maîtrisable et on s’est aperçu qu’il fallait maintenir un espace de plantation bien supérieur (10 mètres au moins). Après la récolte exceptionnelle de 1968, on expérimenta la première machine à secouer : ce nouveau matériel permettrait à l’avenir de pallier les difficultés de la cueillette manuelle. De plus, cette mécanisation ne pouvait se faire que sur des sujets à haute-tige. Au tournant des années 1970, plusieurs producteurs organisèrent des vergers modernes. Ces beaux vergers, bien conduits, sont actuellement en pleine épanouissement (à Blanzey et au Roigire, à Beaumont, « Chez Jean DICOTET », au Prédurupt, à Croslières…). Depuis, avec le concours d’un centre technique alsacien « VEREXAL » et l’aide de différentes structures départementales, un nouveau verger expérimental s’est constitué au Prédurupt dans le cadre d’un GIE. Enfin de jeunes agriculteurs, grâce à une formation pointue de technicien et de gestionnaire, relancent la plantation de jeunes vergers en haute-tige conduits en association avec des herbages.

Verger moderne basse tige aux Monts Durand (Bernard OUDOT).

LES ARBRES ISOLÉS

Bien souvent, peu de chose, un petit détail, suffit à embellir une vue qui ne semblait au départ que très banale. Ce peut être tout simplement un arbre isolé ou un bouquet d’arbres dans un paysage nu, horizontal, sans envergure. Notre regard est attiré par cet élément qui rythme une étendue trop homogène ; les arbres isolés constituent des points de repère. De par leur situation, ils mettent en valeur leurs silhouettes : la forme pyramidale de l’Aulne, les boules du Noyer, l’aspect colossal du chêne…

L’arbre isolé, en plus de son rôle paysager, s’avère utile d’un point de vue biologique, écologique et productif. Par exemple, il sert de relais (abri, nourriture, repos) pour la faune et produit des fruits. 

        Arbre isolé au Sarcenot

L'ENRÉSINEMENT

Dans les années 1950/1960, le Fonds Forestier National a encouragé la plantation d’arbres résineux comme l’épicéa du fait de son faible coût d’implantation, de sa croissance rapide et donc de sa rentabilité. Nombreux sont les propriétaires privés ainsi que les Communes et l’État à s’être engagés dans cette vague de plantation. On pensait redonner une vitalité à la filière forêt-bois. Malheureusement plusieurs risques n’ont pas été mesurés et aujourd’hui l’enrésinement est à l’origine de nombreux problèmes.

Bien entendu, nous observons un problème paysager avec l’implantation de parcelles de résineux un peu n’importe où, sans véritable cohérence avec l’environnement proche. On les appelle les parcelles « en timbre-poste » c’est à dire des parcelles rectangulaires ou carrées disséminées et isolées dans le paysage d'une plaine ou dans les fonds de vallées.

Souvent les caractéristiques (enracinement traçant, acidité des aiguilles,…) et les exigences (arbres préférant un climat d’altitude) de ces résineux n’ont pas été prises en compte et les règles d’opérations sylvicoles n’ont, de même, pas toujours été respectées (distances de plantations trop faibles, dépressages et éclaircies retardés,…). C’est pourquoi on assiste à des récoltes de bois en surabondance et, de plus, de mauvaise qualité. Les chablis de la tempête de 1999 ont témoigné de la prise au vent accrue du fait d’un rapprochement trop élevé entre les arbres et de leur enracinement superficiel (on observe des « galettes »).

Par ailleurs, les aiguilles, acides, entrent dans la composition d’un humus ou d’un substrat acide rendant le sol stérile de toute végétation entraînant, entre autre, la baisse de la biodiversité. La qualité des ruisseaux, traversant ces plantations, est également menacée par l’acidification et par conséquent la faune aquatique disparaît. Les berges ne sont pas tenues.

Aujourd’hui, ces parcelles sont exploitées et parfois, malgré les contraintes qu’elles apportent au milieu naturel et au paysage, sont replantées toujours en résineux du fait de la facilité et du faible coût de l’opération, et de la difficulté d’y faire pousser autre chose…

Un nouveau mode d’exploitation, provenant des pays nordiques, s’est fortement développé : l’abatteuse. Cet engin, entièrement autonome, piloté par un seul homme, abat, élague et façonne sans difficulté plusieurs dizaines d’arbres par heure. Malheureusement il dégrade considérablement le sol et les chemins forestiers par son passage en creusant des ornières considérables et en accentuant le tassement du sol, notamment par temps de pluie. Mais, là encore, la rapidité, le coût et la sécurité sur le chantier sont des facteurs déterminants dans les choix des sylviculteurs…

Le lit du ru se creuse.
Les berges sont abruptes ;
elles ne sont plus maintenues.
L'arbre, à enracinement traçant, finit par tomber.
   

   
LES FRICHES

Fougerolles, territoire rural à caractère agricole et arboricole, n’est pas à l’abri du développement des friches au regard des différents hameaux.

Les friches résultent de l’absence d’entretien des prairies, des champs, des berges de rivières, de l’abandon de certaines cultures mais aussi parfois du patrimoine bâti ancien et puis de la baisse du nombre d’exploitants agricoles.

Vue générale de Fougerolles dans les années 1920

Vue générale de Fougerolles dans les années 1920

 

Même prise de vue en 2004 : on observe un enfrichement conséquent.

Depuis à peu près le même lieu en 2004, on observe un enfrichement conséquent.

Pourtant il suffit de défricher, ne serait-ce que quelques hectares, pour redécouvrir des éléments patrimoniaux (murets, terrasses, arbres remarquables, …) et de nouveaux ou d’anciens points de vue saisissants. Des souvenirs resurgissent alors du passé pour certains, comme par exemple aux Grand’Fontaines où un long travail de défrichement et aujourd’hui d’entretien annuel, a permis de remettre à jour ce magnifique lieu si important dans la vie quotidienne de l’époque où il constituait le point de rencontre du hameau du Prémourey.

Le défrichement est une action qui doit être réfléchie. Défricher ne signifie pas pour autant tout arracher. Il importe de conserver une identité paysagère, c’est à dire de maintenir des haies, des bosquets, des arbres complantés, isolés, faisant l’originalité des paysages fougerollais. Les choix du lieu de défrichage, des arbres à abattre ou à conserver, doivent être pris en considérant les aspects paysagers, biologiques et écologiques. Le défrichage d’une zone sous-entend également son entretien par la suite en adoptant la fauche ou le pâturage.

Au Petit Moulin (Circuit patrimoinial), la micro vallée créée par le ruisseau des Gouttes se ferme chaque année un peu plus. Dans ces prés, humides et pentus, la fenaison se faisait manuellement, à la faux, au râteau et à la fourche. Avec la mécanisation, dans les années cinquante, ce fut l’abandon de cette activité ; la friche s’est installée avec la prolifération d’une espèce exotique de plus en plus conquérante : la renouée du Japon (plante très envahissante, introduite en Europe au début du 20ème siècle, voir article de Michel CHARAUD dans le Bulletin n°29 de l’ADEF). Cela a contribué également à la disparition de l’écrevisse à pattes blanches, espèce emblématique sensible à la détérioration de son milieu de vie.

Des plantations de résineux et diverses essences de feuillus recolonisent les versants tandis que les bas-fonds humides sont conquis par une grande diversité de végétaux pionniers nitrophiles : ronce, sureau, saule, frêne, aulne, charme, érable, merisier, noisetier, tremble,…

Afin de contenir le développement rapide de ces végétaux, l’agriculteur des lieux a choisi d'y faire pâturer une race bovine originale : l'Highlander. 

Cette race, rustique, est d’origine écossaise. Elle a un large régime alimentaire très diversifié et de plus est reconnue pour sa facilité d’adaptation à tous les types de terrains et sa résistance aux climats rudes. Cette solution a déjà été adoptée dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord et en Allemagne, pour la réouverture des vallées encaissées très en friches.

L'ABANDON DU PATRIMOINE BATI

Ruines sur l'ancienne RN57
(un espoir de rénovation ?)

Il n’est pas rare aujourd’hui d’assister impuissant à l’abandon et la détérioration d’un bâtiment pourtant si caractéristique, qui mériterait d’être réhabilité. Ces abandons résultent d’un exode rural toujours d’actualité, parfois d’un manque de financement ou d’aides aux propriétaires pour rénover ces bâtiments dans le respect du style traditionnel plus coûteux que la construction avec des matériaux modernes…

Les Grand's Fontaines à Croslières, malheureusement peu valorisées.

C’est pourquoi, avant la détérioration totale de la construction (nécessitant alors de gros travaux de rénovation, coûteux) il importe d’entretenir dès à présent et dans les années à venir ces éléments caractéristiques que sont les fermes à charri, les chèlos, les fours à pains, les fontaines-deuilles, les croix et autres oratoires ou chapelles en intervenant régulièrement par de petits travaux de nettoyage, de renforcement, de mise en valeur, peu coûteux, et échelonnés dans le temps.

Respectons les richesses patrimoniales et les savoir-faire hérités de nos aïeux en assurant leur sauvegarde pour qu’à notre tour nous puissions les transmettre aux populations de demain qui, espérons-le, sauront les apprécier à leur juste valeur.
LES MURETS DE PIERRES SÈCHES
 A l’origine, les murets de pierres sèches, ou encore « murgers » (terme régional d’après Louis PERGAUD, écrivain originaire du Doubs, du début du XXème siècle. Cf. « La Guerre des Boutons ») étaient construits dans l’intérêt de marquer la séparation de parcelles en l'absence de talus.

Nombreux sont les murets observables au parcours des différents hameaux de Fougerolles. Ils témoignent d’une organisation spatiale bien spécifique.

Aujourd’hui, les murets de pierres sèches gardent, certes, leurs rôles traditionnels mais présentent également d’autres avantages. En effet, ils participent à la diversité et à la structure du paysage et sont donc en premier lieu un atout paysager. L’assemblage des pierres crée d’innombrables cachettes et refuges pour de nombreux insectes mais aussi et surtout pour les reptiles (lézards, orvets, …).

Les « murgers » tiennent donc une place importante dans le paysage mais aussi dans la préservation d’une faune particulière.

 

 

Pour plus d'information, retrouvez des articles complets dans le bulletin n°31 (possiblité de le commander).

    IV. PETITE APPROCHE PAYSAGÈRE DE FOUGEROLLES...

Porte d'entrée de la haute vallée de la Combeauté, le secteur de Fougerolles, découpé en hameaux, présente à travers une trame originale (la présence du cerisier) des paysages diversifiés et changeants au fil des saisons.

La large vallée glaciaire de la Combeauté, bordée par des plateaux de grès allant jusqu'à 530 mètres d'altitude, se profile en berceau avec pour fond d'amples prairies alluviales entrecoupées de bourrelets fluvio-morainiques, témoignant de la présence d'une ancienne langue glaciaire en amont de Fougerolles-le-Château.

Défriché à partir du XIe siècle, le paysage fougerollais s'est peu à peu modifié, façonné, construit à travers les événements historiques et sous l'impact de l'Homme. Aujourd'hui le territoire communal d'une superficie de 5400 hectares est occupé par deux centres spécifiques, Fougerolles-centre et Fougerolles-le-Château, entourés de 22 hameaux.

En plus d'une occupation spatiale particulière, l'Homme a su tirer profit du sol et du sous- sol (grès) fougerollais.

En effet, le contexte naturel (climat et sol) s'est avéré particulièrement accueillant pour un arbre fruitier : le cerisier. La densité des cerisiers complantés a fait de Fougerolles, « le pays de la cerise ». On ne compte pas moins de 40 000 cerisiers soit environ 6 par habitant.

Le verger traditionnel haute-tige fait encore partie intégrante du paysage même s’il se désagrège. Aujourd'hui les vergers modernes apportent une autre touche. Au printemps comme à l’automne, ils offrent toutes les facettes d'une tonalité impressionniste.

Par ailleurs, le grès du sous-sol fougerollais fut largement exploité et on le retrouve également dans le bâti, élément important du paysage. Le grès est utilisé dans la confection de toiture (dit « toit de laves »), d'encadrements de fenêtres et de portes, de voûtes, defaçades, ... qui constituent les aspects les plus typiques de la ferme à charri. C'est aussi à travers le patrimoine architectural dit « mineur » que le grès prend forme. On compte plus de 70 croix et oratoires en grès sur la commune, 7chapelles et plusieurs fontaines-deuilles. En plus de l'aspect paysager, ces patrimoines sont un témoignage de l'histoire de Fougerolles.

 

 

 

Vue depuis Blanzey-Haut (à gauche, la Chiquerie).
L'habitat traditionnel, implanté en fonction du terrain, et la végétation forment un paysage bien agencé.
Aucun élément ne perturbe la vue.

 

       

Malgré ce riche patrimoine, le paysage tend à perdre de son unicité.

La trentaine d’exploitations agricoles toujours en activité, n'empêche pas l'enfrichement de certains secteurs, entraînant la fermeture des paysages. Des terres sont abandonnées, des vergers, des fontaines-deuilles, des fermes... manquent d'entretien. Le bâti traditionnel n'est pas toujours respecté (installation de bâtiments d'élevage intensif par exemple). L'enrésinement opéré dans les années 1950/1960 est également visible dans les paysages

L'activité économique ayant fortement baisséces 40 dernières années, on a compté de nombreux licenciements (fermeture de la filature de Fougerolles-le-Château, rachat par Fuji de l'imprimerie Buriot, rachat par Lufkin de Comélor) qui ont entraîné un exode rural et une chute du nombre d'habitants (moins 300 individus) entre les deux derniers recensements.

 

Une approche paisible du Centre sous la neige...

Pour plus d'informations, retrouvez des articles complets dans le bulletin n°31 (possiblité de le commander, voir «Nos ouvrages»).